- Avant de te donner ton émancipation, je dois te poser des questions afin d'analyser ta personnalité et de voir si tu es apte à te prendre en charge. Tu est prête Nolah ?
- Oui.
J'avais tellement envie de partir en claquant la porte et en lui disant que j'étais apte à m'occuper de moi-même depuis mes 3 ans. Cette idiote de psy ne savait rien de ma vie, mais j'étais obligée de me soumettre à son jugement pour pouvoir sortir de ce foyer pour les jeunes comme moi.
- J'ai entendu dire que tout ne c'était pas bien passé pour toi dans ce foyer. Il parait que tu t'es battu à de multiples reprises.
- Des histoires de garçons, vous savez ce que c'est à mon âge..
Mensonge, mensonge.. La vérité c'est que je ne savais même pas pourquoi avec cette fille on se battait sans cesse, on se tapait mutuellement sur les nerfs et ça nous défoulait...
- Oui.. Enfin ces excès de violence t'ont quand même valu un séjour en hôpital psychiatrique...
Aoutch, je l'ai pas vue venir celle là.. Oui, j'ai passé 15 jours en hôpital psychiatrique parce que la psychologue du foyer avait jugé que mon comportement face aux autres, et le fait que je n'avais aucuns amis n'était pas normal. J'en ai vu des vertes et des pas mûres dans ce centre. Ma chambre était entre la chambre d'un schizophrène qui passait ses journées à insulter sa deuxième personnalité, et la chambre d'une fille qui passait son temps à enlever la peinture de ses murs avec ses ongles.. Ma voisine de chambre était elle atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette. Aussi, je me faisais insulter de tous les noms alors que nous parlions des nouvelles fringues à la mode, sympa l'ambiance..
- C'était surtout parce que j'étais mal dans ma peau et peu sociable qu'on m'a envoyé là bas.. Mais ça m'a fait du bien.
Tu parles..
- Je l'espère ! Bien alors maintenant, si tu me racontais ton parcours, ta vie jusqu'à ton arrivée à ce foyer ?
Et c'est repartit, depuis ma demande d'émancipation j'ai dû voir une dizaine d'assistantes sociales, et médecins en tout genre et tous me demandaient avec ce sourire plein de pitié comment c'était passé ma vie depuis aussi longtemps que je me souvienne.
- Il paraît que ma mère m'a déposé dans un hôpital pas loin de Phoenix, l'hôpital a trouvé une famille qui n'arrivait pas à avoir d'enfants et qui semblaient prêts à m'accueillir. Ce qu'ils ont fait... jusqu'à ce qu'ils aient leur propre enfants. A partir de là je suis passée par toutes les familles d'accueils qui voulaient bien de moi, mais aucune n'a semblé vouloir me garder plus longtemps.. Et voilà je suis arrivée au foyer quand j'avais 16 ans et maintenant j'aimerais être indépendante.  
Bien que je l'ai toujours été.
- Et avec tes camarades de classes, comment ça se passait ?
Elle se fout de moi ou quoi ? Je viens de lui dire que jamais je n'étais restée à un endroit, comment j'aurais pu me faire des amis ?
- Oui très bien, même si je ne les avais que pour très peu de temps, je suis restée en contact avec quelques uns.
Ce qui est totalement faux étant donné que jamais je n'ai eu d'amis.
- Bien, c'est une bonne chose d'être entouré, me dit-elle avec ce sourire plein d'empathie, tu en auras besoin au cours de ta vie.
Ta gueule.
- Oui j'imagine.
- Parle moi de tes projets d'avenir maintenant, qu'est-ce que tu comptes faire une fois que tu seras partie du foyer ?
Qu'est-ce que j'en sais, je veux juste partir d'ici.
- J'ai prévu d'entrer à la fac, j'ai 18 ans dans quelques semaines et j'aimerais faire des études de droits pour devenir avocate pour enfants.
- Oh c'est un bien beau projet, j'espère de tout coeur que tu réussiras.
Oui oui, aller abrège qu'on en finisse.
- Ok, bon dernière question...
C'est pas trop tôt
-... Où vas-tu aller ?
Si seulement je le savais..
- Je pense aller à Yale, c'est une université très réputée et peut-être que je pourrais débuter ma carrière dans le Connecticut.
Et voilà qu'elle sourit à nouveau bêtement.
- Très bien Nolah, je te signe l'autorisation de sortie, tu m'as l'air apte à vivre de tes propres ailes.
C'est ce que je fais depuis que j'ai 3 ans, connasse.

J'ouvrais la porte, ma valise roulant derrière moi, je regardais une dernière fois ce couloir, j'étais bien contente de le quitter. Aller Nolah, tu vas enfin vivre.